L’histoire de Larkspur Falls est celle d’un espoir jamais confirmé. Celle d’une artiste dont on pressentait le potentiel et qui a tout plaqué au moment où son premier album aurait dû lui permettre de percer.
Larkspur Falls est le projet de la chanteuse-autrice-compositrice britannique Claire Toomey, originaire de Croydon, dans la banlieue de Londres. Toomey a arrêté ses études à 16 ans pour se consacrer à la musique. Dans les années 2000, elle a commencé à composer un rock folk inspiré de Sheryl Crow, Alanis Morisette et Nirvana. Et rapidement, elle est montée sur scène où elle a convaincu les quelques personnes qui ont eu la chance de la voir.
Toomey a fait notamment la première partie de Heather Nova lors de 4 dates aux Pays-Bas et en France en 2008. C’est grâce à la performance remarquée de Larkspur Falls à l’Elysée Montmartre à Paris que j’ai découvert cette artiste. Bien que je n’aie pas assisté à ce concert, j’ai entendu dire beaucoup de bien de cette prestation. Je ne me souviens plus exactement où, mais je parierais sur Les Inrocks.
Pour en savoir plus, je suis allée sur le Myspace de Larkspur Falls (hé oui, on était en 2008 !), où il n’y avait que deux titres, Larkspur Falls et Final Round, qui ont suffit à me conquérir.
La chanson Larkspur Falls est principalement un piano voix mélancolique, simplement étoffé avec des harmonies vocales. On y découvre la voix magnifique de Toomey et son talent pour la mélodie. La chanson est entêtante et douce. C’est un chant de sirène qui nous appelle dans la cascade. Can you hear it? It’s calling you.
Le deuxième titre, Final Round, est bien différent : il est plus optimiste et enlevé (dans la limite des stocks disponibles) avec un arrangement plus élaboré comprenant des guitares et des cordes.
Après ces premiers morceaux prometteurs et des concerts encourageants, la suite logique devait être un album. En 2009, il a été annoncé que Claire Toomey préparait un album avec David Kosten (alias Fautline) qui a co-produit les trois premiers albums de Bat For Lashes. On pouvait légitimement s’attendre à une production de qualité et une promotion digne de ce nom pour faire connaître Larkspur Falls.
Et puis, plus rien. Je suis repassée régulièrement sur le Myspace de Larkspur Falls, mais pas de nouvelles. J’ai écouté les deux morceaux régulièrement en me disant que, vu le talent de Toomey, il allait forcément se passer quelque chose. Elle allait sortir son album et conquérir le monde.
J’ai googlé « Larkspur Falls » une fois par an pour constater qu’il ne se passait rien. Parfois, j’ai eu un espoir en découvrant des artistes avec des voix similaires, comme Art School Girlfriend. Mais ce n’était pas Claire Toomey.
Et puis, un jour de 2020, un compte Instagram est apparu.
Claire Toomey y raconte l’histoire de cet album enregistré en 2009 et ce qu’elle devenu depuis. Pour résumer, au moment où la sortie de l’album et la tournée de promotion étaient prêts, Toomey souffrait d’anxiété et de dépression, avait un entourage toxique et faisait un burn-out. On peut lire entre les lignes qu’elle avait des addictions diverses. Elle a décidé de donner la priorité à sa santé mentale, a tout mis en pause et s’est isolée. Depuis, elle a repris des études et travaillé sur d’autres projets.
L’artiste annonce que les chansons enregistrées 11 ans sont désormais disponibles sur les plateformes de streaming, rassemblées dans un album sobrement intitulé Larkspur Falls.
Soyons honnête, l’album n’est pas aussi brillant qu’on aurait pu espérer. Il contient tout de même d’autres excellentes chansons, comme Don’t Turn Out The Lights, et l’ensemble est de bon goût et mélancolique à souhait.
C’est la fin de l’aventure pour le projet Larkspur Falls, mais j’espère que l’on entendra de nouveau le travail de Claire Toomey prochainement.
Claire Toomey mérite que ses chansons soient entendues et j’ai parfois l’impression d’être la seule à les connaître. Ce n’est peut-être pas qu’une impression.