Le mardi 29 mars 2011, le festival Les Femmes s’en mêlent nous donnait rendez-vous au Divan du monde à Paris pour une soirée avec Le Prince Miiaou, Jessy Bulbo et The Pack A.D.
La soirée commence pour moi par un show case de Jessy Bulbo dans la boutique Gals rock, à 5 minutes du Divan du monde. Jessy Bulbo est à la guitare folk, accompagnée par un de ses musiciens à la guitare classique. Sans micro, on n’entend pas très bien sa voix, mais cela a suffit à donner une idée de la personnalité délurée de cette Mexicaine. Les guitares acoustiques et la langue espagnole donnent un côté folk aux chansons.
Avant chaque morceau, Jessy Bulbo explique les paroles en espagnol et une des organisatrices de LFSM fait la traduction en français. Les thèmes des chansons sont très sex, drugs and rock’n’roll : une chronique sur sa dépression et les cachets de Valium qu’elle prenait, un hommage à une autre chanteuse mexicaine et une chanson sobrement intitulée « sac de sperme ».
The Pack A.D.
La suite a lieu au Divan du monde avec, pour débuter, le duo de Vancouver The Pack A.D. dont j’avais publié la chanson Crazy récemment. The Pack A.D. reste un duo sur scène : Becky Black chante et joue de la guitare et Maya Miller joue de la batterie. Et c’est tout. Pas de samples, pas de claviers. The Pack A.D. n’est pas fan d’électro, comme le laisse deviner le titre de leur 2e album, We Kill Computers. Cela donne un rock minimaliste et énergique. La voix de Becky Black, grave et puissante, se prête parfaitement au style et donne l’identité au groupe.
Il manque encore aux 2 Canadiennes un peu plus de professionnalisme et quelques tubes pour casser la baraque. Cela viendra peut-être avec leur 3e album qu’elles comptent enregistrer cette année.
Jessy Bulbo
Je retrouve ensuite Jessy Bulbo. Cette fois, les guitares acoustiques sont oubliées et Jessy Bulbo passe à l’électrique. En plus du guitariste de tout à l’heure, le groupe est composé d’un 2e guitariste et d’un batteur et la chanteuse joue de la basse.
Au bout de quelques chansons, Jessy Bulbo nous dévoile toute sa folie ainsi qu’une partie de son anatomie. Elle est gênée par sa robe-bustier, qui glisse quand elle danse, et elle enlève son soutien-gorge (ne cherchez pas la logique), nous montrant copieusement ses seins au passage (« c’est pas grave, on est entre nous »). Il faut dire que la pochette de son dernier album, Telememe, est une photo de sa poitrine.
Ça rigole beaucoup sur scène et dans la foule aussi : quelques Mexicains déchaînés confirment que Jessy Bulbo est une vraie star dans son pays. Elle se défonce sur scène, dansant avec sa basse et agitant son abondante chevelure, remontrant ses seins à l’occasion (« je sais que ça vous fait plaisir »), alors que ses musiciens, visiblement habitués à ses frasques, assurent stoïquement leur partie.
Le Prince Miiaou
Le Prince Miiaou, tête d’affiche de la soirée, est l’artiste que j’ai préférée des 2 concerts LFSM auxquels j’ai assisté cette année. Le Prince Miiaou, alias Maud-Elisa Mandeau, écrit et joue ses albums toute seule, mais elle est accompagnée sur scène d’un groupe : un guitariste, un bassiste, un batteur. Le Prince Miiaou joue elle-même de la guitare et d’autres instruments improbables. Ah ! L’impro jazzy à la flûte à bec en plastique sur Turn Me Off ! Rien que pour ça, je n’ai pas perdu ma soirée.
Probablement parce qu’elle est habituée à jouer seule, Le Prince Miiaou fait un grand usage des samples. Elle joue avec des boucles de sa propre voix, comme sur Hawaiian Tree, où elle s’enregistre murmurant « je te jetterai des cailloux » et « it’s such a mess out there » et ces samples deviennent des parties de la chanson. Maud-Elisa Mandeau mélange le français et l’anglais dans ses compositions, que l’on sent spontanées et venant des tripes. J’apprécie particulièrement J’ai deux yeux.
Le 3e album du Prince Miiaou, Fill The Blank Of Your Own Emptiness, est sorti cette semaine et elle en a joué de larges extraits. Je le trouve très réussi, à la fois mélodique et expérimental. De la bonne pop, en fait.
Sur scène, Maud-Elisa Mandeau et son groupe créent une ambiance intime, poétique et quand même rigolote. Pour le titre Football Team, Le Prince Miiaou enfile la même tenue que dans le clip : une cape rouge, un bonnet et des lunettes de ski. Après, elle a également à son répertoire d’autres chansons, comme No Compassion Available, qui me mettent franchement mal à l’aise.
Je vous recommande fortement Fill The Blank Of Your Own Emptiness, en écoute sur Deezer.