Le 24 mars est le Ada Lovelace Day. C’est une journée internationale qui encourage les blogueurs à présenter des femmes exerçant dans le domaine technologique ou scientifique, afin de multiplier les modèles positifs féminins.
Aimee Mullins est sans conteste un « modèle féminin positif ». Par son parcours original, elle a fait progresser les prothèses et a amené de nouvelles personnes à s’investir dans la conception de prothèses, en particulier des artistes, pour qu’un objet qui était caché devienne esthétique. Par son assurance, sa vitalité et sa volonté, Aimee Mullins a fait évoluer la conception de ce que peut être la beauté physique, un corps sain et un handicap.
En guise d’introduction, cette publicité pour la marque Kenneth Cole qui présente bien l’image que donne Aimee Mullins : une femme que rien n’arrête.
Des jambes de bois au pâtes de guépards
Originaire de Pennsylvanie, Aimee Mullins est née sans péronés (os latéraux de la jambe). Ses parents ont dû choisir entre conserver ses jambes, ce qui l’aurait obligée à passer sa vie dans un fauteuil roulant, et une amputation, ce qui lui permettrait d’apprendre à marcher avec des prothèses. C’est ainsi qu’Aimee Mullins fut amputée des deux jambes en dessous du genou lors de son premier anniversaire et que, à deux ans, elle marchait avec des prothèses en bois et qu’elle devint une jeune fille très sportive, pratiquant la natation, le foot et le ski.
Au lycée, on proposa à Aimee Mullins de participer à une rencontre sportive pour handicapés. Ayant toujours pratiqué le sport avec des personnes non handicapées, elle n’était pas enthousiaste, mais elle a tout de même tenté l’expérience. Lors de cette compétition, Mullins fut surprise de constater qu’elle était la seule à avoir des prothèses en bois alors que les autres avaient des prothèses en métal, conçues pour absorber les chocs. Mais cela ne l’a pas arrêtée puisqu’elle a terminé première de la course et a battu un record national. Elle a ensuite rejoint une compétition de saut en longueur à laquelle les amputés des jambes ne participent pas habituellement. Un an plus tard, elle battait le record mondial dans cette discipline.
Après le lycée, Aimee Mullins fut sélectionnée pour effectuer des études supérieures dans le domaine de la Défense nationale américaine. C’est à cette époque qu’elle s’est mise au sport sérieusement et qu’elle a décidé de participer aux jeux paralympiques d’Atlanta de 1996. Avec l’aide de son coach Frank Gagliano, elle devint la première femme handicapée à concourir dans le cadre de la National Collegiate Athletic Association. Elle obtint à ce moment ses premières jambes de course en fibre de carbone conçues pour imiter les pâtes de guépard qui lui permirent de faire des étincelles lors des présélections. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée à Atlanta en compétition avec des amputées des mains. A sa grande frustration, Aimee finit dernière lors de cette course, mais quel accomplissement !
Invitée à une conférence de TED en 1998, Aimee Mullins parle de son parcours jusqu’aux jeux paralympiques d’Atlanta. Un peu timide au départ, Aimee se révèle une excellente conteuse, digne des meilleurs stoytellers qui font le succès de TED. (Il y existe des sous-titres français pour cette vidéo.)
Au-delà du corps humain, le corps comme œuvre d’art
Remarquée à TED et dans des magazines de mode, Aimee Mullins a atteint une certaine notoriété. Sans cesse complimentée pour sa beauté, elle s’est rendue compte qu’elle frappait les esprits car elle allait à l’encontre de ce que l’on pouvait attendre d’une personne handicapée. Elle s’est tournée vers des domaines où l’on ne voit habituellement que des corps « parfaits » : le cinéma et la mode.
Aimee Mullins en couverture de Dazed and Confused
Aimee Mullins a joué dans plusieurs films, notamment dans Cremaster (2002), la série de films expérimentaux réalisée par Matthew Barney. Aimee Mullins y incarnait entre autres une femme guépard et ce fut l’occasion de développer des prothèses qui ne se contentaient plus d’imiter le corps humain, mais qui créaient autre chose.
En 1999, elle a défilé pour Alexander McQueen à Londres. Le styliste britannique a conçu pour elle des bottes imitant le bois sculpté et elle est montée sur le podium sans que le public se doute de quoi que ce soit.
De retour à TED en 2009, Aimee Mullins raconte comment elle fait de son corps une œuvre d’art et un outil de développement technologique. (Il y existe des sous-titres français pour cette vidéo.)
Changer la façon dont on parle des handicapés
Aimee Mullins soutient de nombreuses organisations comme la Women’s Sports Foundation. Elle a été plusieurs années vice-présidente de JOB, la plus ancienne association américaine pour les handicapés.
Plus d’infos sur Aimee Mullins
Aimee Mullins sur Wikipédia (en anglais)